En early access sur PC depuis fin 2017, Slay the Spire a pris son temps pour pointer le bout de son nez sur Xbox One. Disponible dès sa sortie console sur le Xbox Game Pass en août, le jeu de MegaCrit a pour lui un concept fort et unique : que ce passerait-il si un rogue-lite s’inspirait d’un jeu de cartes ? Tout simplement, un des jeux du genre les plus addictifs, explications…
La tour infernale
Ils sont 3 : « Le Gardien de Fer », « La Silencieuse » et « Le Défectueux » ils ont comme tâche de gravir la « Flèche » qui fait face à eux. La grimpette de cette tour ne se fera pas du premier coup et chaque échec nous permettra de débloquer de nombreuses cartes et des reliques qui devront faciliter nos futures ascensions de la Flèche. Comme tout les rogue-lite, chaque ascension de la tour est différente, vous ne piocherez pas les mêmes cartes à chaque fin de combats, les cheminements seront différents ou encore vous ne rencontrez pas les mêmes boss à la fin de chacun des 3 étages.
En termes de rogue-lite Slay the Spire fait dans le classique : des échecs répétés, des new game+ à gogo ou encore du contenu (cartes et reliques notamment) qui se dévoile au fil de nos runs. Si la profondeur est au rendez-vous, on peut regretter que tout le contenu se débloque assez rapidement (comptez 20h-25h pour faire le tour des 3 personnages). Le titre propose un contenu conséquent, mais face à des mastodontes du genre comme Dead Cells ou Binding of Isaac, le jeu de MegaCrit, fait un peu office de poids plume. En fait, après avoir assiégé la tour une trentaine d’heures, on est plus vraiment surpris par le jeu, le bestiaire ne se renouvelle que très peu, les zones de jeu sont toujours les mêmes. Rien de rédhibitoire, mais clairement lorsqu’on enchaîne les runs, les uns après les autres, cette répétitivité du jeu est flagrante.
Un peu légère sur sa partie rogue-lite, Slay the Spire est cependant inattaquable sur sa partie jeu de cartes. Chaque personnage débute avec un deck prédéfini d’une dizaine de cartes et chaque combat remporté nous apporte la possibilité d’avoir une carte supplémentaire. Votre pile sera donc construite à l’aveugle, vous n’aurez jamais la garantie d’avoir LA carte que vous préférez. Vous disposez, au départ, de 3 points d’énergie qui servent à utiliser vos cartes, bien évidemment les cartes les plus modestes n’useront que 1 d’énergie tandis que les plus puissantes réclameront bien plus. Par défaut, chacune de vos cartes non utilisées à la fin de votre tour ira directement dans votre défausse et seront donc laissées de côté pour les prochains tours. Cette dite défausse sera redistribuée dans la pioche une fois que cette dernière sera vide. Ce concept bien pensé nous impose de réfléchir et d’utiliser avec malice chacune de nos mains, car une carte unique jetée dans ce cimetière n’est pas près de revenir…
Les cartes à utiliser se divisent en 3 catégories : attaque, compétence et pouvoir. Pas besoin d’un Bac +5 en jeu de cartes pour comprendre que les cartes «attaques» sont là pour infliger des dégâts à vos ennemis, la plupart d’entre elles infligent un nombre de dégâts bête et méchant, tandis que d’autres (plus rare) en plus d’infliger des dommages vont vous donner des bonus ou des malus à vos adversaires. Les cartes compétences donneront aux joueurs un coup de pouce immédiat comme par exemple piocher des cartes, garder ses cartes pour la prochaine main, augmenter votre attaque ou encore infliger des malus aux adversaires. On peut ranger dans la catégorie compétence, les cartes «défenses» qui sont là pour vous permettre d’absorber des dégâts avant qu’il grignote vos PV. Enfin les cartes pouvoirs vous fourniront un bonus à chaque début de tour jusqu’à la fin du combat : des points de défense donnés, des dégâts infligés ou encore une plus grande pioche, il en a pour tout les goûts.
Slay them all
Très simple au premier abord, le système de combat montre sa profondeur au fur et à mesure de notre progression. À chaque nouveau run on s’essaye à tester différent build de poche : axé sur les buffs, focalisé sur le DPS, tourné vers la défense ou encore penché sur les malus (poisons, vulnérabilité…). La véritable force de Slay the Spire réside là, cette richesse dans les combinaisons quasi infinies entre les cartes et les «reliques» qui donne à chaque run un aspect unique. Ces reliques peuvent être récupérées après chaque élite/boss affronté ou encore piochée durant la progression. Elles ont des effets variés et combiné intelligemment à vos cartes, ou aux autres reliques elles peuvent donner des effets dévastateurs. On pense notamment à ces reliques qui permettent d’augmenter votre attaque après un nombre de cartes joué, combiné par exemple à un deck ou les cartes demandent peu d’énergie et c’est un massacre qui s’annonce.
La profondeur de jeu explose quand on se rend compte que les 3 personnages proposent une approche assez différente : «le gardien de fer» est très orienté sur le DPS et nombre de ses cartes permettent de s’orienter facilement vers un build puissance, mais sa relique unique qui permet de régénérer de ses PV après chaque victoire peut vous poussez à en faire un tank. «La silencieuse» quant à elle, peut très vite faire monter les dégâts avec ses surins qui demandent zéro énergie, alors il est tentant de tout miser sur l’abondance de ses surins dans son deck. Aussi avec ce personnage il est possible de très vite pourrir la vie des ennemies en abusant de poison, de malus défensif ou encore de réduction d’attaque… «Le défectueux» lui est le personnage le plus orignal du jeu, il repose sur un système d’orbe qui ont des effets passifs : les orbes électriques infligent des dégâts, les glaciaires augmentent votre défense tandis que certaines peuvent augmenter votre énergie maximale. Piochable dans votre pile de cartes, ces orbes permettent d’avoir le personnage le plus modulable du roster. Ces quelques lignes ont servi à vous faire comprendre que Slay the Spire est un jeu d’une richesse quasi abyssale, et dites-vous que je n’ai cité que 2 builds faciles à repérer et mettre en place, si vous êtes imaginatif vous pourrez facilement trouver des combinaisons qui roulent sur le jeu.
Carte sur table
Il résulte de cette addition entre un système de jeu parfaitement huilé et un contenu impressionnant, un jeu redoutablement addictif. Et quand on sait que le jeu est disponible à 25€ ou gratuit avec le Game Pass (PC comme console), on ne voit pas ce qui pourrait rebuter les accrocs de jeux de cartes, ou les fans du rogue-lite qui voudrait voir leur style de jeu adoré twisté par un gameplay original. Alors oui, on pourra reprocher objectivement à Slay the Spire d’être vraiment pas sexy graphiquement avec une direction artistique qui n’a pas vraiment de saveur, ou encore ces compositions musicales assez pauvres et surtout peu nombreuses, mais le jeu de MegaCrit fait office de superbe jeu de chevet pour peu qu’on apprécie un des deux genres dans lequel il va chercher ses inspirations.
Avec son postulat de départ unique, Slay the Spire aurait pu se perdre en route en ne sachant pas si il devait pencher plus du côté du rogue-lite ou du jeu de cartes. Mais MegaCrit a su trouver la formule idéale pour toujours attiser la curiosité du joueur qui saura accrocher au système du jeu. Avec son gameplay à la fois simple à comprendre et compliquer à optimiser, le soft a de sacrés atouts pour vous garder accrocher au pad. Si on ajoute à cela la richesse et la profondeur du contenu qui permet au jeu d’être appréhendé de 1001 façons, on se dit que Slay the Spire a les cartes en main pour accrocher facilement et longtemps les fans du genre. On regrettera juste que l’habillage du jeu ne soit pas à la hauteur de ce gameplay ciselé, oui je chipote, mais autant jouer cartes sur table avec vous (oh oh).
Points positifs
- Terriblement addictif
- 3 personnages différents et intéressants
- Combats stratégiques et malins
- Une grosse profondeur de carte et de relique à disposition
Points négatifs
- Artistiquement assez laid
- Musique en retrait
- Répétitif une fois les ficelles bien connues
Quel jeu! Passez outre le game design retenu et partez à l’assaut de la Tour, vous ne le regretterez pas 🙂 Forte rejouabilité, un mode Ascension qui corse (si besoin était) le challenge. Et ce quatrième étage si mystérieux. Enorme coup de coeur, à ce joue, accessible plus est via le Game Pass. Que demander de plus?