En cette fin de génération, Capcom a décidé pour sa saga zombiesque de sortir la carte du remake. Après un Resident Evil 7 audacieux on pouvait croire que le studio japonais allait tenter de transformer l’essai, mais il n’en est rien. On a eu le droit l’an dernier à un second épisode revu de fond en comble et aujourd’hui c’est déjà au tour du troisième opus d’avoir le même traitement. Pour mieux faire passer la pilule d’un deuxième remake en si peu de temps, on a là droit en bonus à un mode multijoueur asymétrique « Resistance ». Alors cette nouvelle dose de Racoon City, nous a-t-elle donné une indigestion ?
Running Girl
Encore traumatisée par les événements qu’elle a subis dans le premier opus, Jill Valentine est enfermée chez elle, plus que quelques jours et Racoon City ne sera plus qu’un mauvais souvenir. Oui, mais on est dans Resident Evil, donc la ville va se retrouver infectée de zombies et notre héroïne va se retrouver traquée par une étrange créature invincible. En mauvaise posture elle tombera sur Carlos Olivera qui fait partie de l’U.B.C.S. , une force armée de Umbrella Corporation qui est envoyée pour nettoyer la ville. Mais par la force des choses, Jill et Carlos devront coopérer pour sortir de cette situation, et vu tout ce qu’il va leur tomber sur la tête c’est la moindre des choses. Si vous avez déjà bouclé Resident Evil 3 sur PS One ou ailleurs, vous allez être agréablement surpris par la relecture du scénario effectuée. Car si pour le remake du second épisode, la trame était assez similaire au jeu de base, ici on a le droit à pas mal de changement notamment dans le cheminement. Non, rien ne sera dévoilé ici, ne vous inquiétez pas, mais la relecture est vraiment plaisante.
Par contre quelque chose avec le jeu de base n’a pas changé, oui c’est ce maudit Nemesis. Ce monstre immense viendra de temps à autre pourrir votre partie en s’introduisant d’un coup d’un seul., par exemple en fracassant un mur ou en sautant d’un toit. Lors de ces passages, les zombies deviendront des préoccupations mineures. Si vous avez fait l’opus de l’année dernière, vous vous rendrez compte que cette créature à un comportement assez similaire à Mr.X. Invincible, vous traquant sans relâche et capable de vous infliger des dégâts monstrueux. Voyez donc ce Nemesis comme une version améliorée du stalker de l’épisode 2. Ce gros bébé peut manier des armes lourdes, capable de courir bien plus vite que vous ou encore jaillir devant Jill à tout moment avec un bond XXL. Quand Mr.N apparaît dans la partie, vous allez passer un sale quart d’heure. Cependant si cette lourde menace plane tout le long du jeu, il est regrettable que son fonctionnement soit si scripté : la créature cassera toujours le même mur pour vous surprendre, squattera dans la même zone quelque soit votre partie. Du coup, lors d’une seconde partie ou après une mort, le tour de passe-passe explose à nos yeux et la menace représentée par la créature chute, dommage.
Jill Sandwich
Malgré tous ces petits reproches, ne nous mentons pas, chaque apparition de la bête reste marquante. Que cela finisse en course poursuite au milieu d’infecter ou en combat de boss, les sursauts sont bel et bien présents. De toute façon Resident Evil 3 est parsemé de moments marquants, que ce soit son introduction surprenante et menée tambour battant. Sa première demi-heure où tout semble exploser ou encore un passage dans un hôpital que ne renierait pas le quatrième opus. Cette gestion du rythme, c’est ce qui place sans doute le jeu de Capcom assez haut dans la liste des jeux dont on ne s’ennuie pas un seul instant. Toutes les demi-heures, on a le droit soit à un nouveau lieu, un nouvel ennemi, une nouvelle arme ou encore une cinématique réalisée avec brio pour permettre au joueur de ne jamais rester sur les mêmes bases. Alors oui, avec ce rythme endiablé et cette course effrénée vers l’avant on se retrouve face à un jeu très linéaire. Ici les allers-retours se comptent désormais sur les doigts d’une main et on ne se perdra pas comme dans le commissariat du second épisode. Le curseur d’évaluation entre « c’est regrettable » et « bon franchement tant mieux » sera propre à chacun, mais sachez que pour moi ça penche plutôt pour la première option.
En passant par la case remake, le côté action de cet épisode explose encore plus, à tel point que la personne qui écrit les lignes s’est souvent demandé si on avait vraiment affaire à un jeu d’horreur. Après avoir bouclé le soft, je dirai qu’on a plus affaire à un jeu d’action horrifique là ou par exemple Resident Evil 2 était un jeu angoissant grâce à ses allers-retours et l’intégration de nouveaux ennemis qui squattaient les lieux comme les « lickers » ou Mr.X. Ici, on a plus l’impression d’être embarqué dans un train fantôme. Les séquences s’enchaînent à une vitesse folle, on prend souvent de sacrés shoots d’adrénaline à cause d’une rue bondée de mort-vivant ou lorsque que le Nemesis détruit un mur sous nos yeux et que l’on se retrouve impuissant. Cependant mis à part deux endroits précis, qui introduisent de nouvelles créatures très ardues, peu de lieux mettent vraiment les chocottes. Encore une fois chacun mettra son curseur entre « quelle trahison » ou « Resident Evil a toujours été assez action », ici je penche plus la seconde option.
STAAAAARS
Vous avez vu que le remake du second épisode est souvent évoqué dans les lignes au-dessus, c’est normal, car cet opus reprend énormément au jeu sorti y’a un an. On peut commencer à évoquer le moteur graphique, le RE Engine, qui est toujours aussi impressionnant. À vrai dire je ne sais pas par où commencer les louanges, le travail de modélisation. Il suffit de croiser une seule fois le regard de Jill ou celui de Carlos pour se rendre compte du travail effectué par les équipes de Capcom. Les visages fourmillent de détails, les effets de sang et de crasse sur nos héros sont bluffants. Après Resident Evil 2 et Devil May Cry 5, c’est un nouveau tour de force réalisé par le moteur maison du studio japonais. On peut faire les mêmes louanges sur le travail effectué sur les créatures et le bestiaire du jeu. OK, cet opus ne possède pas le bestiaire le plus fourni de la saga, mais chaque monstre en impose, que ce soit le visage répugnant du Nemesis ou les mandibules sanglantes des Hunters Gamma… Raccoon City a aussi une sacrée allure, avec ses rues jonchées de mort, ses magasins bondés de néons fluo ou encore ses voitures renversées. En plus le jeu a le bon goût de très souvent renouveler ses environnements, et même si on n’échappe pas à quelques poncifs ( égouts, laboratoire… ), les décors du soft impriment toujours la rétine, tout ça avec un framerate tout à fait solide.
Les similarités avec l’aventure de Leon ne s’arrêtent pas à la claque technique, vu que le jeu reprend aussi son socle de gameplay. Même caméra à l’épaule, mêmes zombies ultra résistant, même goût pour le gore ou encore mêmes énigmes simplettes. Les similitudes ne s’arrêtent pas là, mais on a le droit à suffisamment de différences ici et là pour ne pas dire qu’on a affaire à un « RE 2.5 ». Par exemple, Jill peut avec une pression dans le bon timing de esquiver une attaque. La fenêtre est courte et on ne peut pas spammer le bouton pour se faufiler entre des dizaines de créatures (j’ai essayé à mes dépens). Mais utiliser avec talent elle vous permettra de vous sortir d’un mauvais pas, vu qu’une exécution parfaite permet d’enchaîner sur un bullet time qui m’a bien sauvé pour un boss. De manière générale notre héroïne semble plus souple que le duo Leon/Claire, avec ce même bouton d’esquive par exemple vous pourrez rouler au sol afin de vous éloigner du danger. Exit cependant les techniques « de contre » du précédent remake. Désormais lorsqu’on vous attrape, impossible de planter un couteau bien placé ou de faire manger une grenade à votre opposant, maintenant on se défend à base de QTE comme dans les épisodes 4-5-6.
Ceux qui ont bien suivi la communication du jeu ne seront pas surpris ; Carlos Olivera sera jouable dans l’aventure et il possède des segments à la fois très bien amenés en plus d’être riches, un clin d’œil pour les fans. D’ailleurs la relation entre les deux personnages a été retravaillée, et leurs interactions sont désormais plus nombreuses, bon on n’échappe pas à une Jill distante, solitaire et un Carlos plus rentre dedans et charmeur ; mais force est de constater qu’à l’écran le résultat fonctionne et que cette nouvelle Valentine envoie du lourd avec des punchline bien sentis. Pour servir ces dialogues, on a le droit à une VF de qualité et ceux pour l’ensemble du casting. On reste dans le domaine du son en évoquant l’ambiance sonore qui est toujours de haute volée. La spatialisation du son est top, les bruits ambiants permettent toujours de localiser le danger avec précision.
Sujet qui fâche désormais, Resident Evil 3 est un jeu qui se boucle à la vitesse de l’éclair. En faisant le choix d’enlever le plus de gras possible à l’aventure de 1999, Capcom a réussi à faire de son opus un modèle de rythme ; mais lorsque le jeu se boucle et que le tableau des scores indique « 4h16 » et 6h42 avec les cinématiques et mes 9 échecs, on se dit que le débat sans fin sur la durée de vie a de beaux jours devant lui. Mais bon soyons honnête Resident Evil n’a jamais vraiment rimé avec « durée de vie », mais plus avec « rejouablité » et « bonus ». Ce remake ne déroge pas à la règle, car une fois le scénario bouclé, on aura accès à des dizaines de défis pour gagner de la monnaie, afin de débloquer costumes, modèle 3D ou encore armes secrètes. Une fois le générique de fin passé, vous avez de quoi faire si l’idée de recommencer un jeu ne vous rebute pas. Car ici, pour prolonger l’expérience pas de mode Mercenaires ou quel qu’autre mode bonus, cette fois-ci on nous sert un mode multijoueur asymétrique nommé « Resistance« .
Plat de résistance ?
Ce mode, qui se télécharge à part de Resident Evil 3, nous propose de nous affronter en 1 contre 4 dans une formule asymétrique, le deuxième phénomène de mode derrière le battle royale. Incarnez au choix un Mastermind ou un survivant. Le premier aura comme tâche de mettre des bâtons dans les roues aux survivants en contrôlant caméra, lumières ou encore en bloquant des portes. Les autres eux devront survivre aux coups fourrés en coopérant et réussir à traverser 3 environnements différents afin de voir la sortie finale. On ne va pas tourner autour de pot, Resistance est une bonne surprise, on sent que Capcom s’est appliqué pour fournir un multijoueur de qualité. Après un tutoriel bien fichu, on peut se confronter à d’autres joueurs en ligne et faire briller nos talents de sadique ou de réchappé. Au contrôle de nombreuses caméras de surveillance, le mastermind peut agir en faisant apparaître des monstres (qui sont représentés sous forme de cartes coûtant de l’énergie) et même en prendre le contrôle un court instant. Au nombre de 4, ces maîtres de jeu se représentent par des méchants de la saga Resident Evil. Chacun d’entre eux aura son petit set de sbires, de bonus et sa créature ultime ; par exemple Annette Birkin pourra contrôler G-Birkin de Resident Evil 2 tandis que Daniel pourra envoyer Mr.X mettre le bazar au milieu des survivants.
Côté survivants si le gameplay n’est pas aussi original, il s’appuie sur des bases solides. Chacun des 6 survivants dispose de ses spécialités et de ses propres capacités. Par exemple Valérie est un personnage très orienté soutien, elle peut scanner les alentours ou encore poser une zone de soin pour remettre ses alliés dans le vert. Sans être exhaustif, on peut aussi vous dire qu’on a le droit à un spécialiste du corps à corps ou encore une hackeuse pouvant neutraliser les caméras du Mastermind. L’objectif des quatre joueurs sera le même, quelle que soit la carte jouée : réussir à passer 3 séries de salles dans un temps limité. Pour vous échapper d’une série de salles, à l’instar des escape game, vous devrez trouver des clés cachées ici et là en premier lieu, déverrouiller des terminaux avec un sésame ramassé sur zombie spécial dans le deuxième serie de salles et détruire des noyaux d’énergies dans un ordre précis pour la dernière. Pour mener à bien leur fuite, les survivants n’auront que quelques minutes, ce temps descendra ou augmentera selon vos performances ; un coup encaissé, un allié qui trépasse ? On vous enlèvera de précieuses secondes… Au contraire si vous massacrez sans problème les créatures que le mastermind vous envoie et vous gagnerez des secondes bonus.
On pourra reprocher au mode d’être très axé sur le farm abusif pour tout débloquer, surtout dans le camp des mastermind, malheureusement juste un personnage disponible au tout départ. Côté survivant on pourra pester contre une visibilité pas toujours optimale, surtout quand on met la carte en surimpression pour se guider, mais finalement, tous ces désagréments ne viennent jamais ruiner une partie. Avec Resistance, Capcom tient un mode au potentiel très intéressant qui mérite d’être enrichi car 4 cartes c’est peu. On espère que les soucis de matchmaking seront vite patchés, car bon, quatre minutes d’attente pour pouvoir jouer le grand méchant, c’est décourageant on l’entend bien.
On finira ce test en évoquant les succès, 1000G sont disponible à la fois pour Resident Evil 3 et Resistance, de quoi faire plaisir aux amateurs de gros gamerscore vu que c’est potentiellement 2000G qu’on leur offre. Cependant pour tout rafler, il faudra sacrément s’accrocher car certains succès demanderont de boucler le jeu en moins de 2 heures ou encore de se passer des objets de soin. À vu de nez, je dirais que pour compléter à 100% les succès du jeu, vous êtes partie pour presque dix runs. Côté multijoueur, rien d’aussi dur mais on vous demandera de jouer énormément vu que certains succès demandent de survivre avec tous les personnages ou encore de gagner avec chacun des mastermind. Bref, nos amis les chasseurs auront de quoi bien s’occuper.
Ouf ! Resident Evil 3 n’est pas un remake « facile » ni un vulgaire skin du second épisode. Il s’agit d’un jeu au rythme effréné, fou et trouvant un équilibre quasi parfait entre action pure et tension de tous les instants. Traqué par un Nemesis plus imposant que jamais dans un Raccoon City sublime, on enchaîne les séquences mémorables à une vitesse folle. On est surpris par la relecture du jeu original et on ne cesse d’être émerveillé devant cette réalisation étoilée. Alors oui on déchante un peu quand le jeu se boucle en une grosse soirée et que la linéarité du jeu explose. Mais une chose est sure, on se rappellera de cette course poursuite un long moment après avoir bouclé le générique de fin. Pour mieux faire passer la pilule à ceux qui refusent d’investir dans un jeu si court, ce remake est fourni en rejouablité/bonus et dispose d’un mode multijoueur très sympathique. Capcom, merci de nous avoir rappelé que Raccoon City était aussi culte, maintenant on attend la suite du pari fou qu’était Resident Evil 7 avec un huitième épisode ambitieux.
Points positifs
- Un rythme de jeu mené tambour battant
- Des passages et des séquences marquants
- Toujours aussi beau
- Le Nemesis change pas mal les choses...
- Un bestiaire toujours aussi crade
- Mise en scène endiablée
- Mode multijoueur original et fun côté Mastermind
Points négatifs
- Bouclé très très rapidement ( 7h grand max )
- Très linéaire
- Attention ça ne fait plus vraiment peur
- ... même si c'est méchamment scripté
- Le mode Resistance devra s'enrichir de contenu pour perdurer
Ce petit Remake me fait très envie… Pas trop long, pas trop difficile… Beau… C’est fait pour moi
Je trouve quand même dommage qu’ils ais amputer de si nombreux lieux, et que Raccoon City soit aussi minuscule ! Ça me fait mal de le dire mais je préfère l’ancien, même si ce « remake » est tout de même très bon !