Dans la vie certaines choses sont immuables : les roses sont rouges, l’eau mouille, le feu brûle et FIFA est au sommet des ventes de jeux ! Si commercialement la licence d’EA n’a jamais tremblé sur cette génération, en manière de jeu et de gameplay la franchise s’est sacrément dégradée ces dernières années. Entre l’arrivée au forceps du moteur Frostbite totalement inadapté et une philosophie de jeu toujours plus porté vers l’attaque et le dribble, FIFA a souvent exaspéré sur Xbox One. Mais si vous avez lu avec assiduité SuccesOne.fr cet été, vous vous êtes sûrement rendu compte que votre cher rédacteur du jour a cru aux promesses de cet épisode. Pourtant il faut croire que certaines choses sont immuables, notamment la faculté de décevoir chez FIFA… Mais aussi celle de rendre accroc plus que de raison.
Et ça continue encore et encore
Il était sans doute utopique ( stupide ? ) de croire que le dernier FIFA de cette génération serait celui qui réglerait toutes les tares que l’on a endurées sur les épisodes Xbox One. Du coup désolé de briser le suspense d’entrée, mais non, cet ultime épisode dédié à cette fournée de consoles n’est pas le sauveur. Pour apprécier cet opus à sa juste valeur, vous allez devoir faire une croix, comme moi, sur certains de vos rêves et accepter de jouer avec une philosophie de jeu très offensive. Oui, FIFA 21 est encore un épisode qui privilégie l’attaque à la défense, un soft où la construction est presque inutile, un jeu où la vitesse surhumaine des joueurs et leur vivacité de dribbles feront toujours la différence. Si vous êtes prêts à jouer à un jeu de football aussi arcade et peu encré dans le réel, alors ce nouvel épisode vous satisfera sans aucun doute.
Car si la licence se traîne les mêmes boulets depuis presque cinq ans, on ne va pas non plus se mentir : FIFA reste malgré tout ( par défaut ? ) le représentant ultime du ballon rond pour grand public. Il suffit d’un match, d’une action pour se sentir comme à la maison. Très vite on se rend compte encore une fois que sur le maniement et la souplesse de sa prise en main, la série est inattaquable : rarement un jeu de football a paru si intuitif. Une fois tous les contrôles en tête on enchaîne les passes sans trop d’accrocs. On allume les gardiens adverses avec une palette de tirs toujours aussi vertigineuse et pour nos amis les dribbleurs le jeu possède des dizaines de grigris à sortir pour humilier son partenaire. Bref pour le grand public qui veut juste s’amuser rapidement et passer une soirée avec ses potes autour d’une pizza, FIFA 21 fera office de valeur sûre.
Pour les experts du ballon rond et les accrocs à la licence d’EA Sports, ce qui compte c’est de savoir quels ont été les équilibrages, nouveautés et autres changements de gameplay ont été mis en place par les développeurs. Et pour une série souvent résumée à » une mise à jour de 70 € « , FIFA ne déçoit pas cette année sur les ajustements de gameplay et le rajout de contenu XXL. Dans les grandes lignes on pourra évoquer la refonte en profondeur du mode carrière, le mode Volta dont l’aspect online a été approfondi et bien sûr le mode FUT dont l’aspect grind a été enfin grandement réduit. Tous ces petits changements de forme qui peuvent paraître futile vu de loin sont pourtant primordiales une fois pris dans l’engrenage FIFA 21.
Tout dans l’attaque
Dans le fond EA Sports a pas mal revu sa copie pour nous permettent de jouer avec plus d’options offensives. Désormais, avec une manipulation certes peu intuitive, on acquiert la possibilité de faire des une-deux manuels. Après avoir déclenché ledit une-deux, on peut orienter le stick dans une direction pour décider dans quel sens repartira le premier passeur. Même si la manipulation est assez retord et doit être effectué dans un timing très resserré, une fois maîtrisé, la technique peut s’avérer fatale pour les défenses adverses. Les attaquants lancés peuvent servir de fausses pistes et donner de l’espace à celui ayant la balle entre les pieds. Autre technique introduite cette année : le fait de pouvoir contrôler à la volée un seul joueur de notre équipe et laisser la construction du jeu à l’intelligence artificielle. En cliquant sur les deux sticks simultanément vous verrouillez jusqu’à votre prochaine perte de balle le joueur possédant le ballon. Après il suffit d’une passe à un coéquipier et vous vous retrouvez avec un électron libre que vous dirigez comme bon vous semble. Même si on est tributaire du talent de l’I.A. pendant ses phases, utiliser à bon escient ce nouvel outil est efficace pour contourner un marquage un peu trop resserré et perturber les blocs défensifs bas.
Comme vous l’avez remarqué, je n’ai pas encore fini d’évoquer les nouvelles options offensives et je n’ai pas parlé une seule fois du jeu défensif. Car oui FIFA 21 ne sera pas l’élu qui rééquilibrera les forces entre l’attaque et la défense, comme son prédécesseur cet épisode est un jeu épuisant à défendre. Vu que l’on ne possède quasiment aucune aide de l’ordinateur en défense, face à un joueur maîtrisant toutes les nouveautés évoquées plus haut on se retrouve très vite démuni. Avec le défenseur entre les mains on ne se dit pas » j’espère que mon tacle permettra de remettre le pied sur le ballon « , mais plutôt » pourvu qu’il rate bêtement son prochain dribble ou qu’il fasse le mauvais choix « . Quoi qu’il advienne, même si vous arrivez à tacler correctement, vous n’êtes pas à l’abri d’une fourberie du moteur Frostbite qui à tout moment peut donner un contre favorable hallucinant à l’adversaire. On a beau le répéter depuis FIFA 17, mais ce moteur est inadapté aux jeux de football. Les collisions sont louches, les centres de gravité amplifiés pour les petits joueurs, et certaines animations tiennent plus du script bête et méchant que de la logique pure.
Football Champagne
Il me reste désormais à évoquer le plus gros problème de fond de la série : son penchant presque absurde pour le football spectacle. Ici, les dribbles ultras vifs et la vitesse d’extraterrestre de certains joueurs comme Kyllian Mbappe ou Raheem Streling prédominent encore. Là où des joueurs lents et/ou peu physiques comme David Silva ou Marco Veratti sont totalement injouables malgré leurs qualités folles en technique et en passe. Le joueur parfait pour souligner cette dichotomie entre talent réel et utilité dans FIFA est sans doute Trent Alexander-Arnorld. Reconnu comme étant le meilleur latéral droit de la planète foot avec sa qualité technique et de centre exceptionnel. Il est dans le jeu pénalisé par sa note de vitesse tout juste « correcte » ce qui lui causera défaut face à des ailiers ultrarapides, mais pas aussi doués que lui. Les fameux joueurs » low-cost » tels que Gelson Matins, Raphina, Felipe Anderson n’auront pas trop de mal à le déborder une fois bien lancé…
Du coup avec des tactiques faciles à utiliser comme les débordements à outrance et le pressing tout terrain ( afin d’essayer de laisser l’ordinateur défendre à notre place ) ; on se retrouve très vite face à des équipes stéréotypées et des situations que l’on retrouve sans cesse, notamment dans le mode phare Ultimate Team. Préparez-vous à affronter des équipes de » tout droit » et de » dribbleurs fous « , bref plein d’équipes de Premier League avec des Adama Traoré et autres joueurs du genre… Et pourtant c’est fou à dire, mais malgré cela on y revient toujours. Car si on fait son deuil d’un jeu de football » cohérent et logique » on peut prendre du plaisir sur la proposition de FIFA 21 avec son jeu débridé.
Un mode carrière à la mode
Si l’on arrive à rester accrocher à la manette malgré le nombre d’aberrations qui passent sous nos yeux, c’est aussi en grande partie parce que la forme et le contenu sont eux irréprochables. On va laisser le gros morceau FUT pour la fin, et on va évoquer la plus belle surprise de cet épisode : la carrière. Déjà en grosse progression l’an dernier, le mode à muscler son jeu et propose enfin (!) une vision réaliste de la gestion d’un club. Alors on n’est pas encore au niveau d’un Football Manager, mais pas mal de choses ont été revues en profondeur pour rendre le tout plus crédible. Désormais les joueurs possèdent trois données qui peuvent influer sur leur performance : leur forme, leur moral et leur tranchant. La première, présente depuis belle lurette, a une influence sur l’endurance de nos joueurs selon leur enchaînement de matchs. La seconde, introduite l’an dernier, influence de façon positive comme négative sur les statistiques ( vitesse, tir, passe, etc. ) selon leur moral. Par exemple un contrat jugé trop léger, des performances d’équipes décevantes pour un de vos éléments et c’est pas mal de ses stats qui chutent.
Enfin dernier gros morceau le tranchant. Cette toute nouvelle donnée joue un rôle primordial sur le rendement de vos vedettes, pour augmenter leur tranchant et donc leur donner des bonus de stats, il faudra les faire jouer régulièrement. Du coup désormais les joueurs de bout de banc ou de réserve recevront un malus sur leurs statistiques s’ils ne jouent quasiment jamais. Un ajout intelligent qui permet d’éviter des absurdités comme ressortir un joueur du placard après 5-6 mois d’inactivité et le voir cartonner comme si de rien n’était. Pour garder vos éléments concernés et en forme, FIFA 21 a totalement revu les séances d’entraînement. Désormais ces dernières ne servent plus à monter de façon abusive les statistiques de nos footeux, mais permettent de monter leur tranchant moyennant un peu de forme. Il faudra donc faire des choix, car vous disposez seulement de trois groupes, de cinq joueurs maximum, par séance. À vous de voir si vous souhaitez optimiser vos titulaires ou alors garder vos joueurs de rotation à l’affut.
Cet épisode introduit la possibilité d’influer sur les postes de nos joueurs et de travailler des profils particuliers. Par exemple lors de ma carrière avec Monaco, j’ai pu transformer mon Wissam Ben Yedder, buteur de formation, en numéro 10, ou encore de faire de Gelson Martins, pur ailier, un attaquant axial. Selon l’âge et les performances, les transformations sont plus ou moins longues, mais cela permet d’influencer sur la carrière d’un joueur et de le transformer selon nos besoins. Vous aussi vous pourrez transformer des latéraux comme Fabinho et Kimmich en véritable monstre en tant que sentinelle. Et si vous souhaitez ne pas jouer aux petits chimistes avec vos joueurs, vous pourrez leur programmer des programmes individuels pour qu’ils augmentent certaines de leurs statistiques selon vos besoins.
Enfin derrière grosse nouveauté et pas des moindres, le mode « simulation ». Ce dernier permet de simuler vos matchs, à la manière d’un Football Manager. Néanmoins on garde la possibilité tout de même de rentrer à tout moment dans la partie pour jouer une action particulière ou pour sauver un match mal engagé. Mine de rien cet ajout permet de rendre les saisons moins laborieuses, car elle nous permet de passer par exemple les premiers tours de coupe fastidieux et les matchs amicaux guère passionnants. Avec ces grosses nouveautés, on a aussi le droit à deux trois réajustements qui font plaisir. On peut parler des objectifs C.A. ( de la direction ) beaucoup plus cohérents ou encore du mode « transfert strict » qui réduit très fortement la possibilité de faire des absurdités en termes de mercato. Vous pourrez vous faire recaler par un joueur s’il estime que votre club est une régression pour sa carrière et les équipes adverses garderont bien précieusement leurs plus beaux joyaux. Si les quatre paragraphes qui viennent de s’écouler ne vous ont pas éclairés sur la qualité de ce mode carrière, je vais faire simple ; il s’agit sans aucun doute de la meilleure version de ce mode jamais vu dans un FIFA. Prendre un petit club et le modeler comme bon nous semble risque d’être très très addictif, ici je crois fortement aux chances du Pau FC pour gagner un titre de L1… Après peut-être cinq, six saisons certes.
En ce qui concerne Volta, s’il s’est enrichi en possibilité online avec enfin, la possibilité de jouer en ligne avec ses amis et de former une équipe de foot à 5 avec eux. Malheureusement en termes de plaisir de jeu ce n’est toujours pas ça. Pour un mode tourné faire le dribble et les skills fous, on remarque encore que ce qui est le plus efficace c’est de foncer dans le tas en courant et en mettant des coups d’épaules… Bref malgré les moyens mis en place difficile de voir dans le penchant Volta du jeu un palliatif satisfaisant aux FIFA Street d’antan. Dommage, rendez-vous peut-être avec la version next-gen pour quelque chose de plus convaincant.
On ne se FUT pas de nous
Voilà on y vient enfin, le gros morceau de FIFA. La poule aux œufs d’or d‘EA : FIFA Ultimate Team. Non désolé encore une fois, mais cet épisode ne sera pas celui qui changera toutes les tares du mode phare de la licence. Mais encore une fois, ce qui est proposé est suffisant pour être totalement accroc si on accepte d’avaler deux, trois couleuvres. Par exemple l’omniprésence des micros-transactions qui permettent aux plus fortunés de se faire des équipes en or massif en passant moins de temps sur le jeu que les acharnés qui galéreront à se faire une première équipe compétitive… À moins que la chance leur permette de tirer un gros joueur dans un pack et se monter une armada comme « Jean-Micher carte bleue ». Mais bon, inutile de se mentir, étant un gros joueur de FUT, je sais qu’il est possible de se faire une équipe XXL sur ce mode sans dépenser un seul euro. Il faut cependant beaucoup de courage et de temps devant vous…
Cependant de gros efforts ont été faits pour casser l’aspect « grind » du mode. Par exemple on dit adieu aux cartes formes qui ruinaient bêtement les économies des joueurs les moins riches, ou encore la limite de matchs hebdomadaires pour le mode Rivals qui est désormais de 40 matchs. Du coup si vous ne jouez pas comme un forcené, vous pourrez tout de même obtenir des récompenses acceptables, ouf ! L’autre grosse nouveauté qui détruit l’aspect labeur et grind de FUT, c’est l’arrivée de la coop. Disponible à la fois en Rivals ( équivalent du mode compétitif/classé ) et en clash d’équipes ( contre l’I.A. ) ; cette coopération est salvatrice vu qu’elle permet de jouer à deux et de casser la routine en pouvant alterner d’équipe entre la vôtre et celle de votre coéquipier. Et puis, jouer à deux, surtout dans un jeu si arcade et débridé que ce FIFA 21, est toujours un plus non négligeable. Pour tout ce qui accrocheront à la formule il y a toujours de quoi faire dans FUT. Défis hebdomadaires, récompenses saisonnières ou encore les défis création d’équipe permettent d’obtenir des packs de joueurs moyennant des cartes inutiles pour vous.
Enrobage Deluxe
On finira le test en évoquant toute la partie enrobage du soft. En qualité de menu, d’ergonomie générale, d’ambiance et de licence, FIFA 21 est inattaquable et se trouve à mille lieues de la concurrence. Tout est parfaitement fluide dans la navigation, tout est clair, bien expliqué et même si la refonte du menu d’Ultimate Team surprend au premier contact, on finit par s’y habituer très vite. En ce qui concerne les licences, on pourra juste souligner la disparition de l’AS Roma remplacé par un club fictif. Pour le reste c’est du solide, avec toujours les droits et l’habillage officiel de la Ligue des Champions, de l’Europa League et de la quasi-totalité des championnats majeurs. Les seuls regrets finalement sur cet enrobage viendront du duo de commentateur Hervé Mathoux et Pierre Menés, littéralement insupportables et de la modélisation faciale des joueurs « secondaires ». Totalement dépassé lorsque ça ne concerne pas une super star ou un club partenaire EA. Par exemple en Ligue 1 difficile de trouver des footballeurs modélisés en dehors de Lyon, Paris et Marseille… Alors imaginé en seconde division ou dans des championnats plus exotiques comme la Belgique ou les Pays-Bas…
Sur le plan des succès le jeu est un véritable marathon pour obtenir la totale des 1000 G. C’est simple il faudra quasiment faire tous les modes de jeu en profondeur pour débloquer tous les succès. Entre faire 200 matchs avec un même joueur sur FUT, maximiser la note de son avatar en Volta ou encore gagner la Ligue des Champions et l’Europa League, il faudra s’investir partout. On finira le test en vous rappelant que l’achat de FIFA 21 sur Xbox One vous garanti l’obtention de la version Series S/X sans le moindre surcoût. Une version qui n’a toujours pas été pleinement montrée, mais qui promet d’être différente en matière de réalisation et de gameplay que cette version current-gen.
Même si FIFA 21 n’est pas le Messi(e) tant attendu qui réglera tous les soucis inhérents à la série récemment ; il n’en reste pas moins une drogue dure à laquelle on ne peut pas échapper une fois le doigt mis dans l’engrenage. Alors oui, FIFA ne sera peut-être jamais plus une simulation, mais juste un ersatz de football champagne. Une sorte de plaisir coupable très imparfait et suffisant, mais sur lequel on s’amuse beaucoup si on accepte la proposition et la philosophie de foot proposé. Pas la plus intelligente et la plus esthétique qu’il soit certes, mais terriblement efficace pour le grand public. Donc si vous êtes prêts à mettre de l’eau dans votre vin et à jouer à un type de football différent, FIFA 21 risque de vous tenir accrocher longtemps. Avec son mode carrière exceptionnelle et sa multitude de mode online, dont l’ouragan FUT, difficile de s’ennuyer sur cet épisode. Si vous mettez certains de vos idéaux de côtés… À vous de voir si vous êtes aussi pragmatiques que Didier Deschamps..
Jeu testé sur une version fournie par l’éditeur, un grand merci à eux, sur près de 30 heures ainsi que sur les 10h d’EA Play, bref j’ai pu bien en faire le tour.
Points positifs
- La refonte du mode carrière est une réussite total
- Panoplie offensive exceptionnelle...
- Du contenu à ne plus savoir quoi en faire
- Habillage, licence, ambiance toujours au niveau
- L'arrivée de la coop dans FUT !
- Toujours aussi addictif une fois pris dans l'engrenage
- FIFA 21 sur SerieS S/X sans surcoût
Points négatifs
- Il faut faire son deuil d'une simulation
- ... mais le jeu défensif est encore délaissé
- La construction est presque secondaire
- Volta c'est pas encore ça
- FUT est parasité par les micro$ tran$action$
- Des modélisations faciales à la rue pour certains championnats
- Pierre Menes + Hervé Mathoux, Stop !