Subissant des critiques de toutes parts depuis des mois, Ubisoft et ses studios ont la lourde tâche de se relever. Attendu au tournant, Assassin’s Creed Shadows est la sortie phare de l’éditeur en 2025 et ne devra pas se manquer. En prenant la direction du Japon féodal, les développeurs souhaitent redonner ses lettres de noblesse à une licence qui semble bien mal en point depuis un moment. En prenant le pari d’un duo de personnages jouable, Ubisoft Montréal nous offre-t-il le meilleur Assassin’s Creed jamais créé ? Voici notre réponse :
Avant de vous parler en détail du jeu, sachez qu’aucun spoil de l’histoire principale ne sera dévoilé dans ce test, afin de ne pas gâcher votre expérience. Pour les conditions de celui-ci, nous avons effectué l’histoire principale en 40-45h, avant de recommencer une autre partie avec des choix scénaristiques différents. Nous reviendrons plus en détail sur ce sujet, qui mérite clairement d’être développé afin de mieux vous informer. Assassin’s Creed Shadows vous permet d’incarner une shinobi ou un puissant samouraï, tous les deux en quête de réponse dans un univers où la guerre et les conquêtes de territoire font rage. Contrairement aux polémiques qui ont tourmenté le développement du jeu, Shadows offre une histoire fictive, qui ne cherche en rien à faire de la politique ou suivre un quelconque mouvement social. C’est une aventure comme nous avons l’habitude d’en suivre pour les amoureux de la saga Assassin’s Creed.
Entre liberté et vengeance
Pour la première fois depuis Assassin’s Creed Syndicate, vous incarnerez de façon obligatoire deux personnages jouables. Dans un premier temps, Naoe est une jeune shinobi qui voit son pays ravagé par les conflits. Elle subit un drame majeur qui réveille en elle un instinct de vengeance et sera le fil de votre histoire. Ce personnage représente au mieux l’esprit AC, avec une agilité, une fluidité de mouvements comme nous n’en avons rarement eu dans la licence. L’obscurité, la discrétion, la patience sont ses principales forces et correspondent au credo des Assassins. Bien aidée par son grappin, Naoe pousse le degré d’infiltration bien plus loin que ce que nous avons connu auparavant. Malheureusement, son petit gabarit la rende extrêmement fragile pendant les combats aux corps à corps, où le moindre coup subi peut immédiatement la tuer.
L’autre personnage du jeu se nomme Yasuke. Ce dernier, d’origine africaine, se retrouve au Japon après avoir été réduit en esclavage par des jésuites portugais. Son histoire est inspirée de faits réels, car ce dernier est dans les livres d’histoire japonais. Dans le jeu, Yasuke quitte son statut d’esclave pour devenir un combattant redoutable d’Oda Nobunaga (l’un des plus grands combattants de cette époque au Japon). Il est tout simplement l’exact inverse de Naoe, en étant immense, avec une carrure qui ne laisse pas indifférent. Il s’exprime par sa force spectaculaire et est capable de repousser plusieurs ennemis avec des coups presque imparables. Il devient l’un des principaux lieutenants du seigneur Nobunaga, qui sème la terreur sur l’archipel afin d’en devenir l’unique Daimyō du pays. Avec une telle envergure, il ne faut clairement pas s’attendre à le voir grimper sur les toits des villes japonaises, mais uniquement de pouvoir se contenter de nager ou d’imposer sa force au sol.
Comme vous ne pourrez pas utiliser la ruse et la discrétion, vous devrez opter pour le mode bourrin. Cette vision d’Assassin’s Creed change radicalement avec ce que nous avions l’habitude d’avoir, et personnellement ce nouveau gameplay apporte un vrai plus au jeu. Sachez néanmoins que les deux personnages seront obligatoirement jouables, et que vous pourrez opter pour l’un ou l’autre combattant uniquement de temps à autre. Ce changement radical de vision pourra troubler les habitués de la série, mais pas d’inquiétude pour autant. La quarantaine d’heures pour finir l’histoire principale est assez égale en temps de jeu pour les deux protagonistes, malgré une première partie presque intégralement liée à Naoe.
Un univers féodal cohérent et historique, mais qui manque de développement
L’univers japonais voulu par les créateurs d’Ubisoft Montréal est un véritable hommage à cette époque historique asiatique. L’ambiance générale du jeu, les lieux iconiques comme Kyoto, Osaka, Sakai sont fidèlement représentés, dans des décors sublimes changeant au fil des saisons. En effet, les développeurs ont fait le choix de dynamiser l’aventure via un cycle de temps, où les différents points de contrôles et les PNJ changent en fonction du climat. Malheureusement, hormis la période hivernale, l’infiltration ne changera presque pas, ce qui est fort dommage. Ils n’ont pas suffisamment poussé l’infiltration, et c’est un problème récurrent sur le jeu. Malgré le report de 6 mois, on sent que le studio n’a pas eu suffisamment de temps, ou de moyens pour pousser le développement du jeu. On ressent ce « problème » tout au long du jeu, à commencer par la trame narrative, qui manque clairement de second souffle.
Ubisoft n’a jamais été réputé pour ses textes de qualité, mais il y avait un attachement profond pour les personnages principaux ainsi que certains personnages secondaires. Dans Shadows, la narration perd clairement de sa superbe, notamment dans le domaine des quêtes secondaires. En effet, malgré la promesse tenue du studio de diminuer la durée de vie du jeu en supprimant des passages inutiles, la « méthode Ubisoft » reste. Pour vous donner un exemple, en plus de ne rien apporter au niveau de l’histoire des personnages ou de l’époque féodale, vous devrez courir dans les villes japonaises afin de tuer 200 ennemis. Vous passerez plusieurs heures à chercher des ennemis, sans aucun intérêt majeur que d’obtenir de l’argent ou des armes.
Toute la partie secondaire du jeu ressemble en long et en large à ce que nous avons pu voir sur Star Wars Outlaws, Far Cry ou les autres opus estampillés Ubisoft. Malheureusement, si vous évoluez dans un niveau de difficulté moyen ou difficile, vous serez obligé de les enchaîner afin d’être au niveau de vos adversaires. C’est d’ailleurs le gros point noir du jeu, et qui viendra gâcher l’expérience de nombreux joueurs au fur et à mesure de votre progression. En effet, si vous souhaitez vous rendre dans une zone de la carte ou le niveau est seulement de 1 ou 2 crans supérieurs au vôtre, vous vivrez un enfer. Les développeurs on fait le choix d’augmenter artificiellement le niveau de vos ennemis afin de vous détruire. Seulement voilà, si vous vous contentez uniquement de faire la campagne principale, votre niveau ne sera pas suffisant pour continuer la mission, ce qui entraîne des heures inutiles avec des quêtes Fedex. Si vous n’aimez pas la méthode Ubisoft, je ne vous conseille clairement pas ce jeu.
Ou est Desmond Miles ?
Depuis Assassin’s Creed Origins, sans oublier Odyssey ou Valhalla, l’animus est clairement en retrait. Véritable arc fondateur depuis le premier opus, cette version du réel où Desmond était le chef de file à clairement disparu dans Shadows. Pourtant promis par l’éditeur, ce dernier est bien présent dans le jeu mais n’apporte strictement rien à l’histoire ou au gameplay. On ne comprend pas sa présence, pire nous sommes perdus dans le message que les développeurs ont voulu nous faire passer. Heureusement, nous retrouvons les côtés positifs que nous avions dans Valhalla, comme par exemple les tombeaux, on prend du plaisir à attaquer les forteresses ou de nombreux ennemis vous attendent. Shadows a une saveur particulière tant il lui manque quelque chose pour devenir un incontournable. Si vous aimez la formule depuis Origins, vous passerez un bon moment avec Shadows. Mais impossible d’être totalement convaincu de la cohérence du jeu, après avoir connu les anciens Assassin’s Creed 2 et Assassin’s Creed Brotherhood .
La construction de votre repaire d’assassins est un véritable retour aux sources, et vous pourrez disposer de cet endroit comme bon vous semble. Construction des bâtiments, embellissement avec des objets rares ou de la végétation, votre « Maison » sera totalement personnalisable. Encore une fois, afin d’améliorer ce lieu au maximum, vous devrez faire une grande partie des quêtes annexes, largement de quoi vous décourager. Cet action-RPG possède aussi une interface de qualité, impossible de lui reprocher quoi que ce soit, elle est lisible et facile d’utilisation. Petit bémol pour le menu de départ, qui regroupe tous les anciens Assassin’s Creed afin de vous donner envie de repasser à la caisse.
Au niveau gameplay, Assassin’s Creed Shadows ne réinvente pas la roue mais ne souffre d’aucun bug majeur. La fluidité des mouvements de Naoe ou la force de Yasuke restent sans égal et il est difficile de trouver des défauts. La progression avec votre cheval est exactement la même que dans Valhalla, avec toujours autant de difficulté lorsque vous rencontrez un PNJ ou un objet, sans pour autant être pénible. Manette en main, Shadows est un régal, surtout en phase de combat qui est enfin fluide et facile à prendre en main. L’évolution de vos compétences ou de maîtrises ne change pas radicalement votre façon de jouer, et n’apporte souvent que des modifications visuelles de vos deux personnages.
Une ambiance digne des Xbox Series X|S
La partie visuelle d’Assassin’s Creed Shadows souffle le chaud et le froid. Si l’ambiance générale du jeu, mélangé avec les 4 saisons et la météo dynamique, offre un résultat proche de la perfection, la nouvelle version du moteur Anvil commence tranquillement à montrer ses limites. En effet, l’animation faciale des personnages n’est pas digne de l’ambition du studio. Si ces derniers sont parfaitement modelisés, leur manque d’expression nous ramène à l’époque de la Xbox One, et cela n’est clairement plus possible. Les bugs de collisions sont présents, mais Shadows est clairement le jeu Ubisoft le mieux fini pour sa sortie. Ses deux reports ont permis aux développeurs de nous donner une version aboutie. Malheureusement, l’I.A. n’a presque pas changé en rapport avec son prédécesseur, sauf si vous optez pour le niveau le plus difficile. Pour le mode normal, que nous avons utilisé pour le test, les PNJ font clairement n’importe quoi, et viennent souvent frapper leurs camarades plutôt que vous.
La bande-son colle parfaitement avec l’univers féodal du Japon, en revanche elle reste un poil moins marquante qu’Odyssey. Vous avez la possibilité de régler la fréquence des musiques, ou de l’enlever totalement si vous le souhaitez. Après avoir fait le bad buzz ses derniers mois, la VF est sans reproche, avec une attention toute particulière pour les deux personnages principaux. La version originale japonaise semble elle aussi convaincante, comme la version anglaise. Vous pouvez à tout moment changer la langue dans les paramètres du jeu. La fiche de jeu se compose de 54 succès pour 1000G, il faudra environ 70 à 80 heures de jeu pour obtenir les 100%.
Assassin’s Creed Shadows sera disponible dès le 20 mars, et sera en vente sur le Microsoft Store au prix de 79,99€.
Le constat sur Assassin’s Creed Shadows est clair: les qualités du jeu sont indéniables, avec des environnements et des personnages de qualité. Seulement voilà, le jeu s’adresse aux fans de l’univers Ubisoft, avec une I.A. et des quêtes secondaires dignes de l’ancienne génération de console. Nous avons peut-être atteint le point culminant de la licence version RPG, c’est du moins l’avis de la rédaction. Cependant, malgré ses défauts, le jeu offre une expérience que nous vous conseillons clairement, sauf si vous n’avez pas aimé les derniers AC depuis Origins.
Nous remercions Ubisoft de nous avoir fourni une version dématérialisée du jeu, dans une version Presse.
The Good
- Visuellement sublime sur Xbox Series X|S
- Histoires principales de qualité
- Le gameplay qualitatif de Naoe et Yasuke
- L'environnement interactif avec les saisons
- L'absence de bugs pour la version Xbox Series X
- Durée de vie du jeu réduite comparé à ses prédécesseurs
- Symbiose parfaite entre Yasuke et Naoe
- Ambiance générale du jeu
- OST de grande qualité
The Bad
- L'animus inutile
- Animations faciales catastrophiques
- Trame narrative en retrait de ses prédécesseurs
- Quêtes annexes inutiles (type FEDEX)