SuccesOne rencontre : Frédéric Delatte, développeur indépendant

SuccesOne.fr rencontre aujourd’hui le développeur du jeu Survival Bunker, Frédéric Delatte, un habitant de notre Alsace profonde qui devient par lui-même programmeur sous moteur Unity 3D. Une reconversion personnelle et professionnelle nécessaire après être victime d’un accident en 2009.
Ce programmeur, autrefois technicien en laboratoire a tout appris par lui-même dans le domaine de l’informatique. Il travaille sur un projet ambitieux, sortir sur diverses plateformes, dont notre Xbox One un nouveau jeu de gestion, mêlée à de l’exploration. Le tout dans un environnement en 3D aux dessins assez cartoonesques.
Mais cette année 2020 sera décisive pour lui, 5 années de développement et une faible communauté autour de son œuvre suscitent le doute chez ses proches. Faut-il continuer à porter à bout de bras un projet mort dans l’œuf ? Se poser la question est normal, car aujourd’hui beaucoup de personnes souhaitent programmer et coder pour percer dans un univers vidéoludique, mais peu réussissent. Nous connaissons le programme id@Xbox qui peut porter ce projet une fois à terme, mais le développer à un coût et programmer un jeu demande du temps, surtout lorsque l’on est seul à la barre.
Pour lui donner un coup de pouce, SuccesOne.fr lui donne la parole en ce mois de janvier pour vous parler de son bébé et lui offrir peut-être un avenir.

Un jeu au stade de développement :

Survival Bunker se présente comme un jeu de gestion qui nous offre le challenge de survivre dans un abri suite à la présence soudaine d’une étrange tempête. Une fois en sécurité, il faudra récolter diverses ressources afin de vous prodiguer chaleur et énergie.
À terme, ce bunker sera agrandi, accueillant d’autres pensionnaires. Il sera autosuffisant, à condition que ses habitants œuvrent à son bon fonctionnement. Un rôle qui vous incombe d’accomplir, en tant que chef de groupe, en donnant des directives justes et dans l’intérêt collectif au détriment que certains membres de votre communauté décident de se rebeller, ou de partir.
Cette phase de jeu que l’on peut voir ci-dessous vous fera penser sans aucun doute à Fallout Shelter. Mais en y regardant de plus près, l’immersion 3D est nouvelle, nous traversons les différentes zones avec une caméra à la troisième personne. Partez à la rencontre de différents survivants et exécutant les tâches du quotidien afin de prospérer à la suite de ce jour d’après.

La gestion laisse place à l’exploration. Les survivants et vous-mêmes pourrez partir en quête de moult ressources afin de les ramener au bunker. Dans des zones aléatoires, fouillez chaque recoin pour alimenter votre bunker grâce aux objets récupérés.

Mais attention, la prospérité ne sera que de courte durée, vos agissements seront remarqués par d’autres individus et n’hésiteront pas à toquer à votre porte pour vous détrousser.
Pas de quartier, équipez vos survivants de nombreuses armes et armures afin de défendre un des derniers remparts de l’humanité.
Une démo jouable est disponible sur ce lien, téléchargez-la et découvrez l’introduction de Survival Bunker.

Nous vous demandons une seule chose en retour, vos commentaires, que Frédéric Delatte se fera une joie de lire. À vous de réaliser une courte critique sur ce titre made in France.

SuccesOne.fr a posé quelques questions à ce développeur en devenir afin de réaliser son attachement à cet opus, voici le résultat de cet échange :

SuccesOne : D’où vient ton envie de concevoir ce jeu vidéo ?
Delatte Frédéric : J’ai toujours aimé les jeux de gestion, mais en général ils sont toujours en vue de dessus. Je me suis dit que cela devrait être cool de pouvoir se balader dedans, comme dans les Sims.

 

SO : Être un développeur français et indépendant c’est comment ?
DF : Quand tu es français, tu n’as aucun soutien, de plus, je ne parle pas anglais et cela ne m’aide absolument pas. C’est plus dur de trouver une communauté française. Si tu parles bien anglais, tu touches plus de monde. Je ne sais pas pourquoi la barrière de la langue est un problème dans la conception d’un jeu vidéo, mais la réalité est ainsi.
SO : Tu parles de soutien des éditeurs ou de la communauté du jeu vidéo ?
DF : Des deux ! Quand je parle avec des développeurs américains, ils ne comprennent pas ma situation, mais en France je ne sais pas pourquoi c’est très difficile de se faire connaitre, les portes sont closes.
SO : C’est à dire, quelle situation ?
DF : Que j’ai du mal à trouver une communauté pour ce jeu, les gens ont tous eu peur de devoir me donner de l’argent. Une démarche que je n’ai jamais utilisée.

SO : Dans une démarche similaire, as-tu pensé à un financement participatif comme Kickstarter ou autre ?
DF : Oui bien sûr j’y ai déjà pensé, mais ce n’est pas pour maintenant, j’ai trop peur de décevoir les gens. Les joueurs français ne sont pas tendres avec les développeurs, donc je préfère avancer à mon rythme et voir ce que ça va donner.

SO : Cela ne dérange pas certains chasseurs de succès de payer 5 euros pour un jeu aux 1000 G faciles. Tu y as pensé ?
DF : On est en France je ne pourrai pas le vendre à 5 € malheureusement pour vous, les joueurs. Je prends l’exemple Xbox, la marque prend environ 30 % sur le jeu. L’État prend au moins 50 %, il faut savoir qu’au-delà d’un certain nombre de jeux vendus, je vais devoir payer Unity. Sans compter l’investissement de départ.
SO : des petites confidences que peu de gens connaissent en effet.

DF : Je pencherais plutôt pour un prix tournant dans les 20 €. Je regarde souvent les commentaires sur les jeux indépendants sur le marché Xbox, quand je vois que tout le monde qui crache sur 20 € pour de petits jeux cela me fait mal. Tout le monde pense que les 20 € vont dans la poche du développeur.
SO : Petit jeu veut dire petit prix dans beaucoup d’esprits, on voit le jeu, son contenu, ses succès, mais pas les marges ridicules que reçoivent leurs créateurs.

DF : C’est exactement ça, donc imagine sur les 20 € de chaque vente, j’arrive à avoir 5 euros. Si j’arrive à vendre 1000 exemplaires, je gagnerais 5000 €.
5000 € pour 5 ans de travail et de développement, qui travaille pour ce salaire actuellement ?
SO : Sans compter ton investissement de départ, on présume.
DF : Oui bien évidemment, car je programme le jeu, mais je ne travaille pas sur la 3D, je dois l’acheter à d’autres studios.

SO : C’est l’envers du décor que peu de monde connait et c’est bien d’en parler.
À quelle catégorie de joueur destines-tu Survival Bunker ?
DF : À ceux qui aiment les jeux de gestion survivaliste.
SO : Un genre qui est la grande mode en ce moment en plus.
DF : Je pense que c’est un style de jeu qui plaît à tout le monde. En tout cas, moi j’adore, pour faire simple, je crée un jeu que j’aurais aimé voir à mon époque.

 

SO : Si ce projet arrive à son terme, allons-nous le découvrir sur Xbox ?
DF : Je suppose que chacun a une préférence, moi c’est Xbox, car j’aime leur façon de penser donc oui j’aimerais bien sortir ce titre sur le Store Microsoft.
SO : Et son programme id@Xbox alors, serait-il la solution ?
DF : Comme je t’ai dit plus tôt, je ne parle pas anglais. Je me suis inscrit, j’ai payer les droits d’entrée, car non, cela n’est pas gratuit. Mais il faut que je transforme ma console en un kit de développement et c’est un peu problématique pour le moment, le mieux serait que je trouve une deuxième console. Mais je ne peux pas investir dans tout cela. Voilà pourquoi j’ai un ultimatum, car mon rêve commence à devenir très cher.
SO : Quelle est cette épée de Damoclès exactement ?
DF : Pour la faire courte, j’ai ma carte graphique GTX 1080 qui a rendu l’âme en fin d’année. Donc sans carte graphique j’étais bloqué, le développement était à l’arrêt.
Ma femme a eu la gentillesse de m’offrir une nouvelle carte, mais cet acte d’amour m’a fait mal au cœur. Encore de l’argent dépensé pour un projet qui n’aura peut-être pas d’avenir au lieu dans profiter en famille.

SO: Quelles sont les émotions que tu as traversées durant ces 5 années de développement ?
DF: Un trio infernal, du bonheur de la tristesse et de la fierté. Du bonheur, car je fais quelque chose qui me plaît et qui me passionne chaque jour. Créer, concevoir et développer j’ai toujours aimé cela et je l’ai appris tout seul. De la tristesse, car le temps passe vite, une faible communauté pour me soutenir ou me dissuader pour la suite, et parfois une impression de perdre un temps précieux avec ma famille.
Et beaucoup de fierté, car cette œuvre avance bien. J’ai commencé par une simple idée et maintenant je la vois se concrétiser jour après jour.

La fin de cet entretien révèle la dure loi des développeurs indépendants qui essaye de faire découvrir et connaitre leur projet de par le monde. Malgré le fait que ce jeu en devenir sera sans doute sujet à de nombreux changements au fil des mois, conanfredleseul aimerait connaitre vos avis sur cette ébauche afin de savoir s’il poursuit ce rêve ou passe à autre chose. Vos conseils et suggestions seront sans doute utiles comme vos « likes » et autres partages sur vos réseaux sociaux pour lui apporter une communauté intéressée par son travail.

Ecrit par : SnowTig3r 87

Chasseur de Succès et rédacteur à temps perdu !

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