Le Showcase Xbox & Bethesda du 12 juin dernier a reçu un accueil mitigé malgré quelques annonces intéressantes, comme l’arrivée de Hollow Knight Silksong dans le Game Pass (lorsqu’il daignera sortir…) ou encore l’ajout d’un contenu in-game pour Redfall. Très attendu, Forza Motorsport a également retenu l’attention. Pour autant, c’est un autre titre qui a vraiment fait parler de lui : Starfield.
En effet, le prochain RPG de Bethesda, dont le développement a débuté en 2015, nous a enfin montré de longues séquences de gameplay. Du combat au crafting en passant par la customisation et le pilotage, on a pu découvrir le jeu sous toutes ses coutures.
De belles promesses
Techniquement, la présentation assez flatteuse a donné le sentiment que le moteur graphique du studio était désormais à la hauteur des attentes suscitées. Il était temps, même si l’on ne rivalise pas encore avec ce qui se fait de mieux actuellement, notamment sous Unreal Engine 5.
Peu importe. Si l’expérience est de qualité, la direction artistique inspirée (ce qu’on en a vu demeurant assez générique), les performances stables et exemptes de bugs, alors Starfield aura pratiquement tout pour s’imposer auprès d’un public aussi fidèle qu’exigeant.
Certes. Toutefois, l’expérience nous impose une certaine lucidité, car nous parlons de Bethesda…
De fait, nous verrons probablement fleurir à brève échéance des vidéos et gifs des glitchs et bugs les plus cocasses !
Des possibilités à foison
Bonne ou mauvaise nouvelle, le capitalisme n’aura pas disparu de ce lointain futur. Le jeu fournira néanmoins les outils nécessaires à la fabrication et à la personnalisation puisque TOUT sera modifiable. Du personnage — riche d’une palette d’options vertigineuse — au matériel et aux avant-postes que l’on pourra construire sur les planètes déjà explorées et peupler de PNJ aptes à travailler pour nous.
Plus intéressant encore, à mon sens, notre vaisseau sera également susceptible d’être modifié et aménagé. On pourra ainsi le « tuner », définir sa taille et son agencement, y rattacher des modules ou choisir la décoration. Personnellement, j’ai hâte de pouvoir mettre des figurines Vault Boy entre un aquarium et un désodorisant « arbre magique » !
Du reste, et bien que cette question n’ait pas été abordée, je suis curieux de voir ce que les moddeurs pourront tirer d’un système aussi ouvert…
Des acquis et des dogmes
Côté action, Bethesda a compris que nous étions en 2022. Par conséquent, les combats semblent plus dynamiques qu’à l’accoutumée, avec des jetpacks censés ajouter de la verticalité aux gunfights et un nouvel aspect infiltration qu’on espère plus abouti sur les prochains trailers.
En dépit de ces louables évolutions, les armes dévoilées durant le showcase manquaient de « peps », de recul, et les impacts sur les ennemis étaient encore trop peu marqués. Il n’y a pourtant pas lieu de s’en inquiéter, attendu que la date de sortie de jeu est encore lointaine, et que d’ici là, ces aspects seront retravaillés.
Par ailleurs, on pourra piloter le vaisseau pour explorer l’immensité sidérale. Todd Howard annonce même qu’on pourra visiter un bon millier de planètes !
En cas de rencontre fortuite avec des malandrins, Starfield se transformera en shooter spatial. Cet aspect du jeu ne sera pas une « vraie » simulation spatiale et se rapprochera plutôt des routines de l’arcade. Ne vous attendez donc pas à gérer autant de choses que sur Elite Dangerous, par exemple. Dommage…
Starfield est avant tout un jeu de rôle et qui dit jeu de rôle dit feuille de stats ». Si l’ensemble du système n’a pas été dévoilé, on sait déjà que le joueur pourra échanger des points contre des capacités, chacune disposant de plusieurs paliers d’amélioration à débloquer pour obtenir des bonus complémentaires.
L’arbre de compétences n’a pas été dévoilé non plus, cependant les possibilités seront nombreuses et le titre devrait jouir d’une durée de vie très solide avec une rejouabilité à l’avenant.
Un air de déjà vu
Suite à la découverte inattendue d’un artefact alien (a priori), notre héros rencontre une organisation vouée à la recherche d’éléments similaires. Une fois assemblés, ils forment une structure porteuse d’une sphère lumineuse en son centre. Reste à découvrir ce que ça cache et les pouvoirs qui s’y rattachent… Pour mener à bien l’aventure principale — et pour passer le temps ! — le joueur devra réaliser une myriade de quêtes annexes et s’allier ou pas avec diverses factions.
Ce fil conducteur est franchement convenu, au moins de prime abord (coucou Mass Effect et les artefacts Prothéens), mais il permet de dessiner un canevas sans chausse-trappes à défaut d’emporter l’adhésion.
En revanche, la mécanique « Bethesdesque » des dialogues fait figure d’anachronisme. Elle se lance en coupant l’action et quel que soit le contexte, recourt systématiquement à des visages en très gros plan et à l’animation hasardeuse ! Délicat dans l’absolu, surtout en comparaison de ce qui se fait de mieux aujourd’hui (Cyberpunk 2077, par exemple), ce système n’est même pas valorisé par la voix de notre avatar, muet comme nous en découvrant cet aspect du jeu…
Ça passe ou ça casse
En définitive, Starfield souffle indifféremment le chaud et le froid.
Le chaud avec ce nombre ahurissant de planètes et de possibilités, la personnalisation à outrance, le pilotage du vaisseau, les joutes interstellaires, l’exploration, ce quelque chose qui ravive en nous le fantasme enfantin du bac à sable ultime ! Puis le froid, du fait d’une direction artistique assez fade, d’un système de dialogue nuisant à l’immersion et désespérant obsolète…
Et puis tout de même, il y encore un peu de scepticisme quant à l’équilibrage global entre combat, exploration, construction, personnalisation et interactions avec les PNJ…
Or, nous ne sommes plus en 2010 et ce que les fans avait pardonné à Skyrim à sa sortie eu égard à sa singularité et ses innovations ne le pardonneraient pas à Starfield douze ans plus tard.
Le fait est que Bethesda et Microsoft jouent gros avec ce titre porteur d’autant de doutes que d’espérances. Il y a eu beaucoup de reports, beaucoup d’espoirs déçus et finalement peu d’exlusivités et de surprises susceptibles d’enluminer le lancement des consoles de dernière génération.
Le jeu mobile gagne du terrain, le metaverse et les NFT sont partout et nulle part à la fois, et les joueurs sont orphelins de repères. Skyrim en était un. Starfield en sera-il un autre ?
Réponse en 2023.