Notre rubrique phare revient sous une forme inédite. Elle se penchera désormais sur une poignée de jeux au lieu d’un seul, et le rythme sera un peu moins soutenu que par le passé. L’objectif reste cependant le même : mettre en avant des trésors disponibles sur le Xbox Game Pass. Place donc à quatre nouvelles « pépites » !

Gorogoa

Le premier spécimen de cette sélection est un fascinant puzzle-game développé avec maestria par une seule personne (Jason Roberts), et édité par Annapurna Interactive. Il expose un concept unique et très intuitif : de superbes illustrations sont découpées en quatre vignettes amovibles, s’ouvrant — ou pas — sur autant de nouveaux décors et motifs par le biais d’astucieux mécanismes. Pour progresser dans ces lieux étranges, vous devez simplement découvrir les bonnes interactions.

Dans Gorogoa, on superpose, on aligne ou combine des éléments géométriques et des esquisses au fil d’une trame cryptique dévoilant peu à peu diverses allégories relatives au vieillissement, à l’accomplissement, à l’espoir, etc.

Bouclé en 2h30 au maximum, le jeu se renouvelle sans cesse et si ses nombreuses énigmes font cogiter, elles ne se révèlent jamais trop ardues ou absconses. Au contraire, tout vient naturellement et la limpidité des solutions confère à cette œuvre absolument géniale, une grâce qui marque le joueur.

Nobody Saves The World

Après deux brillants épisodes de Guacamelee !, Drinkbox signe son retour avec Nobody Saves The World.
Toujours aussi chatoyant graphiquement, et toujours aussi drôle, ce nouveau titre conserve les principaux atouts des anciennes productions du studio. En revanche, sa forme change radicalement en s’éloignant du Metroidvania au profit de l’action-RPG.

Petite astuce qui pimente le tout : anonyme et privé de pantalon, le héros a néanmoins un incroyable don pour la métamorphose ! Cheval, rat, sorcier, tortue, œuf, zombie ou encore culturiste pour n’en citer que quelques-unes, les transformations possibles sont ainsi très nombreuses et originales.
Loin de se résumer à de simples gimmicks, elles procèdent au contraire d’un gameplay nerveux et réjouissant. En effet, chaque personnage ou objet est utile à un moment ou un autre et oblige le joueur à s’affranchir de certaines habitudes tenaces.

Fort de cette conception rafraîchissante et d’une solide technique, Nobody Saves The World constitue l’une des surprises de ce début d’année.

Foncez lui donner sa chance !

The Pedestrian

À l’instar de Gorogoa, The Pedestrian est un jeu qui fait appel à votre matière grise. Ici, il s’agira de trouver le bon cheminement entre différentes parties de niveaux matérialisées par des panneaux de signalisation. Mélange de plateformes minimalistes et de puzzles retors, le titre réclame beaucoup de concentration pour venir à bout de tous ses casse-têtes. 

En contrepartie, du fait de ses mécaniques et décors en constante évolution, toute monotonie est absente. Certaines issues, très « capillotractées », peuvent évidemment frustrer et nuire au rythme d’ensemble, mais pas suffisamment pour déconseiller une seule seconde la merveille qu’est The Pedestrian !

Firewatch

Firewatch laisse de côté l’énergie et les subtilités de gameplay pour faire naître une ambiance propice au calme et à l’introspection. Dès lors, il se distingue essentiellement par ses qualités d’écriture hors-norme.

On chemine dans les pas d’Henry, un quadragénaire dont le couple bat de l’aile. En proie aux doutes face à la maladie qui emporte peu à peu son épouse ans les abîmes de la conscience, notre héros décide de se changer les idées. Pour ce faire, il s’engage en plein été dans un parc naturel du Wyoming avec pour mission de surveiller les départs d’incendies et s’assurer qu’il n’y ait aucun autre incident. Le seul contact avec l’extérieur est une certaine Delilah. Une femme espiègle et énigmatique, joignable uniquement par talkie-walkie.

Un mystère de plus en plus pesant se tisse lentement à l’arrière-plan, tandis que, sans jamais vraiment leur donner corps, le jeu s’attarde sur la relation complexe et subtile qui se noue rapidement entre ces deux personnages, écorchés par la vie et profondément humains.

Cette remarquable construction en creux peut surprendre, mais finit par toucher. D’autant plus que les notions d’absence, de vide, d’éloignement ou de culpabilité qui se dessinent progressivement sont habillées par d’extraordinaires dialogues et portées par une habile mise en scène.

Après un crescendo irrespirable et une conclusion aussi amère qu’imprévisible, il bien sera difficile de vous défaire de cette atmosphère prenante et de ces âmes perdues dans le tumulte de l’existence.… Bref, ne passez pas à côté de Firewatch !

C’est tout pour cette fois, mais on se retrouve le mois prochain avec une nouvelle fournée de titres hautement recommandables. D’ici là, bon jeu à tous !