Je me permets une petite parenthèse de l’univers XBox pour vous parler du livre sur la saga Legacy Of Kain, paru récemment chez Third Editions. Malheureusement oubliée dans la liste des jeux sujets à remaster, cette série a suffisamment marqué les esprits à sa sortie pour mériter un ouvrage qui concentre son histoire, sa gestation compliquée et son déclin rapide.
Comme pour mes précédentes commandes, le livre envoyé par Third arrive bien protégé, dans un état impeccable et avec une couverture maison toujours très réussie. La version « first print » n’est pas en reste avec un superbe art maison. Attention, pour ceux qui cherchent à raviver la flamme de leurs souvenirs, il n’y a pas d’images tirées du jeu ou d’artworks.
Raphael Lucas (déjà participant sur le très bon livre consacré à Bioshock) nous éclaire d’abord sur sa passion des monstres, de l’occulte, dans un avant-propos au verbe enlevé. On comprend aisément comment Blood Omen a pu résonner chez lui entre ses références que sont Clive Barker (régulièrement cité) et Lovecraft. L’introduction nous permet de mieux appréhender là où l’auteur veut nous emmener, entre description des opus, de leur conception et ressenti personnel.
On y apprend la genèse un peu compliquée du premier opus, Blood Omen Legacy of Kain, qui m’avait marqué à l’époque sur PC par son côté gore (ces bruitages, mon dieu). Silicon Nights, créateur dudit premier volet, n’était pas à proprement parler un studio stable (ni vraiment fiable, comme on le découvre également ici) et cette série restera finalement leur seul réel fait d’armes. Ensuite c’est au tour du cœur de l’ouvrage, l’inoubliable Soul Reaver, grosse claque en son temps, aussi bien sur l’aspect technique que sur son design. Moment nostalgie avec son intro fabuleuse :
Je ne vais pas reprendre tout ce que le livre apporte comme anecdotes ou précisions, mais il est toujours bon de se rappeler que le jeu amenait par exemple la prouesse technique de n’avoir pas de temps de chargement. Ce qui est d’ailleurs, fun fact, la raison pour laquelle Raziel ne peut pas mourir (page 63 « la raison principale pour laquelle Raziel est immortel est que n’ayez pas à charger »). Ceux qui se rappellent de Raziel tendant son foulard pour aspirer les âmes, du bruit caractéristique de ses pas et de son système de combat sont bien évidemment la cible prioritaire du livre.
La suite fait un focus sur chaque jeu (Soul Reaver 2, Blood Omen 2 et Soul Reaver Defiance) détaillant les errements de la trame scénaristique et les bouts de ficelle utilisés pour faire tenir l’ensemble debout. Le chapitre dédié à la reprise de l’histoire, dans l’ordre chronologique, est vraiment le bienvenu pour resituer les événements (les différents voyages dans le temps n’aidant pas à s’y repérer).
Ce n’est pas tant un ouvrage sur la saga (bon ok, un peu quand même) qu’un essai sur ce que le jeu transporte pour le joueur. On a par moment l’impression d’être en pleine catharsis de l’auteur tant ses impressions et influences se mêlent à la description des mécanismes et de l’histoire de ces jeux. Ce n’est pas déplaisant puisque cette part d’affect trouve facilement écho, surtout pour ceux qui ont pu y jouer à l’époque. Quelques divergences alourdissent parfois le propos, par manque d’un peu de liant avec le sujet principal, mais cet Entre Deux Mondes se laisse lire avec plaisir. Toutefois, pas sûr que les joueurs qui regardent cette série d’un œil curieux mais sans la connaitre réussissent à y trouver complètement leur compte.
Enfin, je ne peux que vous encourager à accompagner ce livre des jeux qui en font l’objet. Tout est dispo sur GOG (sauf le premier Blood Omen, dommage), souvent en promo aux alentours de 1€50 (c’est d’ailleurs le cas au moment où j’écris ces lignes). Rater tout ça (livre et jeux) serait un peu dommage pour quiconque souhaite replonger en Nosgoth. Pour commander le livre, ça se passe directement sur le site de Third Editions.
NB : article rédigé grâce à une version du livre gracieusement fournie par l’éditeur. Merci encore !
C’est marrant que tu parles de l’absence de chargements de soul reaver, parce que blood omen, c’était une catastrophe sur ps1, on avait le temps de lire guerre & paix entre chaque chargements!
Très bonne série au demeurant même si soul reaver m’a toujours fait rager par sa difficulté, merci pour l’info
Oui c’est vrai ! J’avais (volontairement?) oublié ce détail pour Blood Omen, le livre reparle d’ailleurs pas mal des lacunes techniques du premier jeu. Il m’avait plus marqué pour l’ambiance et la manière dont Kain absorbe le sang des victimes (et le son bien deg).