Hors-série : on a regardé la série Halo

La rumeur d’une migration de l’univers de Halo vers le petit écran — ou le grand — a fait l’objet de nombreuses spéculations pendant des années. Et c’est presque par surprise que la série produite par Paramount via sa plateforme de streaming Paramount +, a été annoncée puis diffusée en France sur les chaînes du groupe Canal +.

Les neuf épisodes de la première saison s’intéressent aux origines du plus célèbre des Spartans, le Master Chief, ou John-117 de son petit nom. Évidemment, il y est question de Cortana, de la découverte d’artefacts et du mythique « Halo ».

Résister ou périr

La série débute en 2552 alors que la guerre entre les humains et les Covenants — des extraterrestres coalisés — fait rage. Sur Madrigal, une colonie minière, une enclave de résistants est ainsi attaquée par les Covenants, car voisine d’un site qu’ils désirent fouiller. Après l’intervention de l’escouade de Spartans du Master Chief, les Covenants sont mis en déroute et l’objet de leur convoitise est découvert. Il s’agit d’un artefact et l’affrontement n’a laissé qu’une survivante, la dénommée Kwan Ha.

Lorsqu’il touche le mystérieux objet, John-117 est assailli d’images qui semblent être celles de son enfance oubliée…

halo serie

Un récit qui manque de souffle

Il y a beaucoup à dire sur ce premier épisode qui se devait de mettre la barre assez haut afin de happer le spectateur. Et autant y aller sans détours : l’intérêt principal se résume à la scène de combat qui ouvre le bal et joue à plein la carte du « fan service ». La brutalité et l’efficacité des Spartans impressionnent et les effets visuels ou sonores en partie tirés des jeux titillent les aficionados. Dès lors, et même si l’on s’y attend, percevoir le bruit caractéristique du bouclier de Master Chief lorsqu’il se recharge procure un petit frisson.
Malheureusement, passé cette mise en bouche, tous les problèmes de la série explosent au visage. L’escarmouche précitée n’aura aucun écho avant la fin du dernier épisode et les quelques montées d’adrénaline parsemées dans les sept épisodes intermédiaires sont filmées sans génie, sans relief et ne bénéficient pas du même soin.

D’ailleurs, le rythme est bien plus lent qu’on l’aurait imaginé et, faute d’une écriture de qualité, peine à maintenir une vraie tension sur la durée. De toute évidence, il n’y a pas assez de contenu pour produire 360 minutes de fiction…

halo serie

Côté scénario, c’est très scolaire. Les Spartans sont des super soldats, des machines à tuer ayant subi un lavage de cerveau complet, qui ne se souviennent de rien et n’ont comme credo que celui d’obéir aux ordres. Évidemment la découverte de la relique va bouleverser tout ça. On a vu plus captivant.

L’arrière-plan n’est pourtant pas dénué d’intérêt. Il explore les racines des Spartans à travers celles du Master Chief et en suggère une relecture attrayante. Idem pour le docteur Halsey, la grande architecte du programme qui porte une vision pessimiste du futur et veut y préparer l’humanité coûte que coûte… Hélas, il n’y a pas de place pour les nuances et les personnages sont trop manichéens pour susciter le moindre attachement ou emmener le spectateur dans la magie d’une épopée.

Tout manque cruellement de profondeur et de finesse alors que le canevas se serait parfaitement prêté à l’évocation de thématiques très actuelles : militarisme, hégémonie, contrôle des masses, foi aveugle en la technologie, limites morales et préservation du bien commun, etc.

Nan, mais Halo quoi !

Qu’à cela ne tienne, l’insipide trame secondaire de la résistance sur Madrigal écrase toute velléité de réflexion en mode « rouleau compresseur » !

On nous présente l’enclave détruite comme un lieu de résistance contre le pouvoir en place. Problème, ce pouvoir n’est pas défini ou même esquissé. On ne sait donc absolument pas pourquoi ces gens luttent ni quelles sont leurs convictions. Reste une caricature grotesque de gouverneur local pour personnifier ladite tyrannie, sans qu’on n’en connaisse jamais les tenants et les aboutissants. Si encore, il s’agissait d’un parti pris narratif ou esthétique, soit, mais ce n’est même pas le cas et l’on est très loin des canons du genre !

En réalité, le personnage est tellement mal écrit qu’il se borne à tuer de sang-froid une ancienne résistante ne représentant aucune menace pour lui. De quoi la faire passer pour une martyre et relancer la machine à révolution me direz-vous ? Eh bien… même pas ! On passe tranquillement à la survivante de l’attaque covenant, Kwan Ha, qui fait tout son possible pour galvaniser la résistance en mémoire de son père et mettre à bas le fameux gouverneur. Spoiler : elle ne réussira que cette dernière action et disparaitra ensuite de la série. Pire, on ne verra plus une seule minute de Madrigal ou de Kwan Ha ! La résistance ne s’est donc pas reformée et, en toute logique, le gouvernement local est toujours en place.

Comprenne qui pourra.

Pour parachever ce tableau édifiant, cet arc narratif ne rejoint jamais celui du Master Chief… Si ça n’est pas du remplissage inutile, je ne sais pas ce que c’est !

halo serie covenant

Emballez c’est empesé…

Sur une note plus réjouissante, le casting s’en sort plutôt bien, à commencer par le massif Pablo Schreiber dans la peau du Master Chief. Certes, le voir sans son casque a beaucoup fait réagir, mais il aurait été impossible d’exprimer quoique ce soit à visage couvert et comme ce n’est pas exactement le point fort de la série…

Précision appréciable pour les fans, c’est Jen Taylor — la voix de Cortana en V.O. dans les jeux — qui reprend le doublage de l’hologramme le plus intelligent de l’univers.
Du reste, les acteurs sont globalement assez justes et font ce qu’ils peuvent pour donner corps à des protagonistes étriqués et sauver les meubles.

La réalisation de cette première saison est plutôt convaincante. Rien d’incroyable, mais le boulot est sérieux. De même et bien qu’il n’y ait aucun plan ou scène mémorable, les effets numériques sont de bonne facture. Mention spéciale à la modélisation des Covenants, surtout aux membres de leur Grand Conseil. Ça bouge plutôt bien et la caméra sait à peu près quand elle doit virevolter ou rester calme, prendre de la hauteur ou se poser en plan serré.

To be continued…

Je ne veux pas m’étendre sur l’intrigue, aussi me contenterais-je de mentionner succinctement un petit suspens censé nous faire trépigner d’impatience jusqu’à la saison 2. Son issue ne faisant absolument aucun doute, ma curiosité quant à la suite tiendra essentiellement à la représentation du Halo et au destin du Master Chief.

En définitive, on ressort de cette première saison avec le sentiment que le travail a été fait sérieusement, mais sans folie, sans passion, sans prise de risque et surtout, sans ambition ! Or, c’est peut être exactement ce qu’il manque pour passer d’un banal divertissement à une vraie réussite…

halo serie cover

Ecrit par : Wanerlevner

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