Nous vous partagions il y a quelque temps l’enquête de Libération qui nous apprenait l’existence d’une culture toxique au sein d’Ubisoft. De nouveaux éléments sont apparus ces derniers jours suite à une nouvelle enquête de ce journal. Cette dernière nous met en avant Serge Hascoët, considéré comme le numéro 2 d’Ubisoft.
Avant de continuer, il est important de préciser que cet article n’est aucun cas à charge ou une attaque envers Ubisoft. Il s’agit simplement de vous donner les informations qui semblent importantes à nos yeux. En plein milieu du raz-de-marée d’annonces et de preview qui a suivi la conférence Forward du 13 juillet, il nous semblait important de mettre aussi en lumière cette affaire. Malheureusement l’éditeur n’a pas changé ses plans pour cet événement et n’a pas semblé bon rajouter un mot, ou un message vis-à-vis des victimes, lors de leur stream. Décidant d’une certaine façon de passer cela sous silence aux yeux du très grand public. C’est pourquoi il est important selon nous, de vous relayer cette enquête, et les décisions prises par Ubisoft en interne.
C’est donc dans l’édition du samedi 11 juillet que Libération, par la voix de ses journalistes Erwan Cario et Marius Chapuis, met en lumière les agissements de Serge Hascoët. Considéré comme le « gourou créatif » de l’entreprise, en lui attribuant la réussite des franchises Assassin’s Creed et Watch Dogs. Il aurait le comportement le plus toxique de toute la Maison Ubisoft. L’enquête nous apprend, grâce à des témoignages anonymes, plusieurs « faits d’armes » de Serge Hascoët. Ce dernier aurait par exemple drogué à leur insu des salariés via des space cakes, serait connu et valorisé en interne pour sa toxicité, son homophobie, son comportement libidineux permanent ainsi que sa méthode de management « d’écrasement des autres ».
Le travail de Libération permet de mettre en lumière une de ces crises de colère envers une vice-présidente :
Serge, entouré de ses vice-présidents, a dit que cette mal baisée entravait sa créativité et qu’il fallait lui agrandir l’esprit à grands coups de bite dans le derrière et la faire tourner jusqu’à ce qu’elle comprenne.
extrait de l’article.
En ce qui concerne son comportement « libidineux », Serge Hascoët aurait comme « marque de fabrique » de bloquer une femme dans un ascenseur en grognant comme un animal et en la fixant dans les yeux.
En plus de dénoncer les agissements du second d’Ubisoft, le journal permet de mettre en lumière le silence et l’acceptation de cela au cœur de l’entreprise. En plus des murs de RH évoqué lors de la première enquête « Ubisoft, le harcèlement aux manettes » qui empêchait les victimes d’être entendues et les harceleurs sanctionnés, on apprend que toute cette culture toxique serait acceptée par Yves Guillemot (PDG de l’entreprise) si les éléments sont essentiels. C’est pourquoi tant de créatifs comme Serge Hascoët et Tommy François sont restés si longtemps dans l’impunité la plus totale.
« Un sens des priorités qu’on retrouve plus violemment dans les propos d’une de nos sources, qui nous rapporte que la cheffe des RH, Cécile Cornet, aurait expliqué début 2019 qu’ Yves est OK avec un management toxique, tant que les résultats de ces managers excèdent leur niveau de toxicité. Interrogée en janvier par ses équipes, Cécile Cornet aurait par ailleurs précisé qu’Ubisoft est une entreprise qui laisse une deuxième chance, une troisième ou plus si besoin à ses salariés clés, ceux qui ont fait leurs preuves ».
extrait de l’enquête.
Après ces révélations, Ubisoft a communiqué par le biais d’une lettre pour évoqué la démission de Serge Hascoët, qui quittera totalement l’entreprise ainsi que Cécile Cornet des son poste de cheffe des RH. Elle, par contre, devrait rester encore dans l’entreprise. À noter aussi la démission de Yannis Mallat, dirigeant des studios canadiens d’Ubisoft.
En préambule de leur conférence « Forward », l’entreprise a annoncé que de gros changements étaient actuellement en route ; ainsi qu’une enquête interne dirigée par un cabinet externe. On vous tiendra informés des suites de cette affaire, vu qu’Ubisoft ne semble pas motivé à en parler en public.